Cette année, du 13 au 19 novembre, nous soulignons ensemble la Semaine de sensibilisation aux réalités trans…
Par Alex Abramovich, Ph. D.
Présenté par FIDO
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Mon identité trans s’est dévoilée il y a 11 ans, lorsque j’étudiais au doctorat et que je travaillais dans un hôpital achalandé du centre-ville. J’ai interviewé une jeune personne trans en situation d’itinérance qui s’est tournée vers moi au milieu de notre entrevue pour me demander : Vous êtes trans, n’est-ce pas? Que faites-vous lorsque les gens vous fixent dans le métro? »
En effet, j’étais aux prises avec des inconnus qui me fixaient du regard en public et qui me demandaient : « ;Êtes-vous un garçon ou une fille? » J’ai été chassé de presque toutes les toilettes publiques où j’allais. Quoi qu’il en soit, je savais que je devais être honnête avec moi-même et enfin affirmer mon identité. Comment pourrais-je consacrer le travail de ma vie aux problèmes concernant la santé des jeunes LGBTQ2S+ en situation d’itinérance et interviewer d’innombrables jeunes à propos de leur vie et de leurs parcours sans être authentiquement moi-même?
Je serai toujours reconnaissant envers cette jeune personne qui, involontairement, m’a fait sortir du placard et m’a encouragé à me dévoiler. Par contre, cette affirmation de mon identité et les années qui suivirent n’ont pas été faciles. Le langage et la discrimination transphobes étaient profondément ancrés dans la culture de la plupart des institutions, et ils le sont encore à bien des égards. Comme je suis un homme ouvertement trans et que j’ai un lien personnel étroit avec le travail que je fais, les gens me posent souvent des questions offensantes et s’attendent à ce que je les renseigne sur tout ce qui est lié aux réalités trans. Certains s’arrêtent toujours à mon identité trans, qu’ils perçoivent comme le facteur déterminant de mon existence. Par exemple, des gens parlent de moi comme du « scientifique trans », plutôt que de s’intéresser à mes domaines d’expertise ou à mes réalisations.
Ces exemples illustrent l’importance de consacrer certains jours ou certaines semaines à la sensibilisation et à l’éducation du public aux réalités trans.
La Semaine de sensibilisation aux réalités trans, qui a lieu chaque année pendant la deuxième semaine de novembre (cette année, du 13 au 19 novembre), a pour but de sensibiliser le public aux obstacles et aux défis auxquels se heurtent souvent les personnes trans dans la société. Elle vise également à encourager le public à lutter contre la stigmatisation et la discrimination transphobes.
Dans la foulée de la Semaine de sensibilisation aux réalités trans, nous commémorons chaque année les vies des personnes trans du monde entier qui ont été tuées en raison de la haine et de la violence transphobes. Le 20 novembre, à l’occasion de la Journée internationale du souvenir trans, c’est dans le deuil que nous rendons hommage aux personnes transgenres qui ont été tuées simplement parce qu’elles vivaient avec authenticité. Cette journée sensibilise également le public à la réalité violente que nous sommes si nombreux à subir au quotidien, ici, en Ontario, à l’échelle du Canada et partout dans le monde.
Chaque année, la liste des personnes trans assassinées dans le monde s’allonge. Les femmes trans ou les personnes transféminines représentent la vaste majorité des femmes assassinées, en particulier les femmes autochtones et les femmes trans noires, qui affichent des taux disproportionnés de violence, de pauvreté et d’itinérance. Elles sont stigmatisées, réduites au silence et rendues invisibles de toutes les façons possibles.
La transphobie a de graves conséquences sur la vie des personnes trans. La transphobie est dangereuse, toxique et violente; elle mène au suicide et tue littéralement des personnes trans tous les jours.
La lutte pour les droits des personnes trans est loin d’être terminée. Nous devons tous nous élever contre la violence et la discrimination à l’égard des personnes trans, afin qu’elles puissent toutes se rendre en sécurité au travail et à l’école et fréquenter les toilettes publiques, les hôpitaux et les établissements de santé sans avoir à craindre pour leur vie. Les personnes trans méritent ces droits fondamentaux, comme tout le monde. Les jeunes trans méritent de grandir dans un monde où le simple fait d’être soi-même n’est pas un « acte révolutionnaire ».
J’espère qu’à l’avenir, les jeunes trans n’auront plus à craindre de se faire chasser de la maison ou de se faire renier par leur entourage pour avoir choisi de vivre de manière authentique. J’espère également que nous n’aurons plus besoin de nous réunir le 20 novembre, parce que la vie de chaque personne trans est précieuse.
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ALEX ABRAMOVICH, Ph. D., est un scientifique de l’Institut de recherche sur les politiques de santé mentale au Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) et professeur adjoint à l’Université de Toronto. C’est un leader primé de renommée internationale dans le domaine de la santé et de l’itinérance des personnes LGBTQ2S+ Sesrecherches ont mené à des pratiques novatrices et à une réforme des politiques, y compris le lancement du premier programme de logement de transition au Canada destiné aux jeunes LGBTQ2S+. Il a travaillé en étroite collaboration avec tous les ordres de gouvernement afin d’élaborer des politiques et des stratégies qui répondent aux besoins des personnes LGBTQ2S+ et s’est engagé à mener avec succès et de façon éthique des recherches qui mobilisent les populations marginalisées.
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